Pantaleon Candidus
Théologien et fabuliste XVIº – Le Diable et l’Usurier
Cette fable traduite a été rapportée par Sain-Marc Girardin : Le Diable et l’Usurier
Un usurier s’en allait un jour, de compagnie avec le diable, l’un cherchant des hommes à prendre, l’autre ayant des recouvrements à faire. Ils passent devant une maison où une mère, irritée contre son enfant, lui disait : « Que le diable t’emporte d’un coup ! — N’entends-tu pas qu’on t’appelle ? dit l’usurier au diable ; voilà un enfant qu’on te livre, prends-le. » Satan lui répond : « C’est une mère qui parle à son fils, l’appel n’est pas sérieux ; le cœur ne pense pas ce que dit la bouche. » Les voyageurs continuent leur route. Arrivé chez son débiteur, l’usurier lui demande son argent, et l’autre, furieux : « Que le diable t’emporte, s’écrie-t-il, toi et ton argent ! » Alors le diable dit à son compagnon : « Oh ! celui-ci parle sincèrement ; tu m’appartiens ! » Et il l’emporte avec lui aux enfers, heureux d’avoir trouvé sa proie.
1/ La Fontaine et les Fabulistes, tome I, p. 243
2/ Deticiœ pœtarum germanorum, Francfort, 1012, t. III, p. 107.
Le Diable et l’Usurier, Pantaleon Candidus, 1540 – 1608