Un faucon à l’extrémité
(Libertin en pleine santé
Jusqu’à traiter les dieux d’une pure chimère),
De ses jours malheureux prêt à finir le cours,
Avec empressement sollicita sa mère
D’aller en sa faveur implorer leur secours.
« Mon enfant, lui répondit-elle.
Je plains l’état où je te voi ;
Mais après tes mépris pour la troupe immortelle,
J’irriterois les dieux en les priant pour toi.
Combien de fois as-tu souillé leurs temples ;
Et riant de leurs vains carreaux
Infecté les autres oiseaux
De tes pernicieux exemples ?
Si pour appréhender leurs impuissans efforts,
Tu n’étois pas assez crédule,
Ils sont ce qu’ils étoient alors,
Et ton espoir est ridicule.
Il faut toujours les révérer
Pour les avoir toujours propices :
C’est commettre deux injustices
De ne les croire pas et de les implorer.
On ne les surprend point en changeant de langage.
Pendant que tu te portois bien,
Tu disois qu’ils ne pouvoient rien ;
Ils ne peuvent pas davantage. »
“Le Faucon malade”