Un homme avait perdu sa brebis la plus chère :
Pauvre berger, se désolant,
Il courait, car un loup se présentait souvent,
Tout affamé, vers la lisière
De la forêt l’avoisinant.
Il pleurait, appelait, comme on fait quand on aime :
Craintif est noire cœur pour un absent chéri !
Enfin son désespoir extrême
Semblait jeter son dernier cri…
Tout à coup, ô douleur nouvelle !
Un gravier, sable aigu, tranchant,
Déchire son pied nu, le retient tout saignant
Par une blessure cruelle.
Pâle, il tombe au bord du chemin,
Oubliant sa brebis, sa recherche et ses larmes ;
Son sang, qu’il étanche soudain,
Et dont il a souillé sa main,.
Jette en son cœur d’autres alarmes.
Nés et bercés dans la douleur,
Parcourant les sentiers d’une recherche vaine,
Semblable au grain de sable, une petite peine
Efface en nous un grand malheur.
“Le Grain de sable”