Le lièvre et la tortue en un pari stupide,
S’affrontent pour savoir lequel est plus rapide.
Si chacun sait lequel toucha le preum’s au but,
J’aimerais cependant tout reprendre au début…
« Vous créez le danger à tenir cette allure !»
S’est plaint le vif rongeur qui, tel l’éclat, fulgure.
« Je prétends qu’à ce bois que vous voyez là-bas,
Je serai la première avec mes petits pas ! »
S’est moqué la tortue avec tant d’assurance
Que le lièvre, interdit, l’a pris comme une offense.
« Quelle sotte ai-je été ! » pense si loin du bois
La pataude en traînant sa misère et son poids.
Pour dire à qui des deux doit revenir le titre,
Le renard est venu se poser en arbitre ;
Et le voilà, rusé, qui glisse son œil fin
Vers l’un qui vague aux prés, l’autre sur le chemin.
Car l’animal à poils et de cuisse légère
Est si sûr de son fait devant son adversaire
Qu’il musarde et qu’il muse en rêvant aux honneurs
Que lui rendront bientôt renard et spectateurs.
Mais il se convainc tant d’empocher la médaille
Que, presque, il oublierait d’entamer la bataille ;
Et lorsqu’il sort enfin des songes de lauriers,
Le reptile aux pas lents en arrive aux derniers.
Tel chauffard ou Fangio qui vers la mort se rue,
Le lièvre, en dératé, rattrape la tortue,
Mais quand tombe sur elle un fanon à damier,
Tombe son vent d’espoir de finir le premier.
Pour ne pas perdre tout : et le prix et la face,
Il souleva bien haut la bête à carapace.
“Le lièvre et la tortue”