(Synonymes français, art. 804.)
L’obstacle allume le courage,
Il le faut surmonter, s’il arrête vos pas ;
L’empêchement n’est que de l’embarras,
Mais qui parfois vous vexe davantage.
Quand on n’a pas de bonne volonté,
Ou qu’on craint la difficulté,
On les trouve souvent tous deux sur son passage ;
Ils cèdent bientôt au danger.
Un lièvre, on sait qu’il n’est qu’un animal léger ,
Qu’un rien, que sa seule ombre agite ;
Un beau matin quittant son gîte,
Où sans doute il était ennuyé de songer,
Voit à sa droite un piège, il l’évite ;
Il en voit un autre à dix pas ;
Plus loin il en découvre encore :
Enfin, autour de lui ce ne sont que des lacs*.
Lui qui, léger de sein et de tracas,
Sortait pour recueillir les larmes de l’aurore.
Se trouve en un bien triste cas.
La prudence, plus que l’audace,
De ses empêchements, enfin, le débarrasse.
Quand il voit accourir un chien,
Basset ou non, un chien de chasse
Suivi de son chasseur, qui tient fusil en main.
Il ne peut se sauver qu’à gauche… quel obstacle !
Un mur au pied duquel est un profond ravin !
Comment le surmonter ? Il faudrait un miracle ;
La peur le fait ; il s’élance, et soudain,
Hors de danger, le voilà dans la plaine,
Laissant, derrière lui Miraut tout hors d’haleine,
Et son chasseur le doigt sur le déclin.
Pour un lièvre qui n’est ni brave, ni malin,
Ce n’est pas mal se retirer de peine.
*Pièges. Dérivé du mot entrelacs dont le “c” ne se prononce pas.
“Le Lièvre habile”