Hafida Olivès
Poète et fables contemporaines – Le lion et la belle
Perdue dans la forêt, une jeune fille sanglotait
Point de lumière ; en elle une frayeur montait.
Vint alors le lion, aimant de la belle, très épris :
Ah, s’exclama-t-il, combien ton chemin ai-je pris ?
Puis, il proposa de l’éloigner du danger de la nuit.
Arrivée sauve, la demoiselle raconta ses ennuis
Regrettant le petit trajet sur une peau puante
Celle du lion à l’odeur horrible et répugnante.
Non loin, le lion-roi entendit la belle le critiquer
La peine au fond du cœur, s’en va bien marqué
Sachant bien que sur ces lieux, elle reviendrait,
Que ses mots pour toujours, il s’en souviendrait.
Insouciante, fallacieuse dans la même situation
Se retrouva la belle près du lion qui, proposition lui fit,
Le frapper fort, lui faire une vraie blessure
Sur son front sans alléger du coup une mesure.
Voulant se tirer d’affaire, un bout de fer en main,
La belle obéit, frappa sans penser au lendemain
Où elle se retrouva loin, au même endroit, égarée.
Apparut alors le lion avec un langage préparé :
Regarde ma jolie, la blessure du coup n’est plus
Mais celle dans mon cœur, de jour en jour évolue.
Brûlé à vif par ton récit à mon égard vil et infâme
J’ai vu une diablesse en toi plutôt qu’une femme.
Va-t-en vite ou de toi, je ne fais qu’une bouchée
Prenant un plaisir de te voir aux tiens arrachée
La blessure du corps se cicatrise et on l’oublie
Mais celle du cœur, gravée, à jamais ne guérit.
Hafida Olivès
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