A Mademoiselle…
Dans son nid expirait une jeune Hirondelle
Fondant en pleurs, cherchant à soulager ses maux.
Un Moineau, qui l’aimait, ne bougeait d’auprès d’elle ,
Ni jour ni nuit ne prenait de repos ,
Pour prouver, par ses soins , sa tendresse et son zèle.
Attendri par ses feux constants ,
Le destin la rend à ses larmes,
Et la malade en peu de temps
Reprît ses forces et ses charmes.
Ah! dit-elle au Moineau,
je ne puis t’exprimer
Ce qu’à mon tour pour toi je voudrais faire….
Je souhaite, pour tout salaire,
Que vous puissiez un jour m’aimer
Avec la même ardeur que je cherche à vous plaire.
Par un tendre retour calmez tous mes ennuis,
Ne cesserez-vous point de m’être si cruelle!
Hélas! répond l’insensible Hirondelle ,
Tout m’en presse , et je ne le puis.
Crois-tu qu’il soit en ma puissance ,
En fait d’amour, d’écouter la raison ?
On s’enflamme aisément par inclination,
Et jamais par reconnaissance.
- Jean-Baptiste Joseph Willart de Grécourt, 1684 – 1773 (Le Moineau et l’Hirondelle)