Un Paon, tout fier de son plumage,
Se pavanait, faisait le beau,
Tandis qu’un Rossignol, caché dans un ormeau,
Charmait de son brillant ramage
Les tendres Échos du bocage.
Certain Vieillard, que, souvent, de ces lieux
Attirait, pour rêver, le tutélaire ombrage,
Survint en ce moment : Dieu sait comme le Sage
Prêta l’oreille, ouvrit les yeux ;
Ses sens étaient ravis… Quel est l’audacieux,
Qui, dès l’aube du jour, murmure
Son impertinente chanson ?
S’écria l’Oiseau de Junon,
Jaloux de voir que, dans cette aventure,
On lui vînt du triomphe enlever une part…
Ce chétif avorton voudrait-il, par hasard,
Établir entre nous un honteux parallèle ?
Cela gazouille, bat de l’aile,
Et se croit un Oiseau de prix :
Pauvre Oisillon, la main d’une Déesse
A-t-elle ceint ton corps de l’écharpe d’Iris ?
Vois ce Vieillard qui m’observe sans cesse ;
Qui le retient ici de nous deux : est-ce toi ?…
Lui seul nous le dira sans doute,
Reprit le Rossignol ; mais, sans orgueil, je croi
Que, s’il te regarde, il m’écoute…
Le Vieillard, à son tour, lassé de ses propos :
Tu n’es qu’un fat, dit-il à ce vain personnage ;
N’en déplaise à Junon, je déteste les sots ;
Loin d’ici, désormais, va prodiguer l’outrage,
Hors de cour ! Il le fait déguerpir à ces mots.
On dit aussi que, devançant l’aurore,
Le Vieillard, sous l’ormeau, plus d’une fois encore,
Du Rossignol vint écouter les chants.
Un riche habit, un brillant équipage,
Peut éblouir nos yeux quelques instants ;
Mais, l’empire des cœurs est surtout l’apanage
Et des vertus et des talents.
“Le Paon, le Rossignol et le Vieillard