Des perroquets, tous messieurs grands parleurs,
Et de différent plumage,
Vivaient dans la même cage ;
Ils s’étaient divisés suivant leurs trois couleurs,
Les blancs avec les blancs ; il en était de même
Des rouges et des verts : voilà donc trois partis.
Les blancs de dominer ont un désir extrême.
Tous honneurs, disent-ils, nous seront départis.
Mais à tous leurs projets les rouges sont contraires.
Ils répètent ces mots : nous allons égorger
Tous ces téméraires,
Ou bien de notre bord ils viendront se ranger.
Il faut, disent les verts, sans haine et sans vengeance,
Rappelant parmi nous la modération,
Nous hâter d étouffer l’esprit de faction,
Pour vivre désormais en bonne intelligence.
Cependant, on agit avec hostilité ;
Tout dit que c’est le jour d’une guerre intestine :
Jour odieux ! jour de calamité !
On entendit alors, d’une cage voisine,
Un hibou qui leur dit : Pourquoi tous ces caquets ?
Pourquoi vouloir ainsi vous mettre à la torture ?
Dites-moi, je vous prie, est-ce que la nature
Ne vous fit pas tous perroquets ?
“Le Perroquet et le Hibou”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859