Un petit chien, empâté de biscuit,
De fins bonbons et de gimblettes,
Etouffait d’embonpoint. Partout il n’était bruit
Que de sa graisse et de ce qui s’ensuit ;
Car des talents ! aucun. Or, sur ces entrefaites,
Sa vieille maîtresse mourut;
Et dans les parts qui furent faites,
De ses écus, de ses cornettes,
Et du singe, et du chat et de toutes ses bêtes,
Favori, par hasard, échut
À la plus vilaine qui fût
Des trois nièces de la défunte.
Plus de biscuits, encor moins de bonbons ;
Du pain tout sec ; si faut-il qu’on l’emprunte.
Bien dur, de la voisine, alors qu’à la maison
Il est trop frais, partant trop bon.
Favori se fit avec peine
A cet ordinaire frugal ;
Et grâce à la vilaine,
Qui le traitait si mal,
Sa graisse disparut en moins d’une semaine :
Mais il y gagna la santé,
L’agilité,
Et surtout l’amabilité.
Tout fut donc pour le mieux. Ce chien me représente
Un enfant qu’on a dorloté,
Et qui doit plus, en vérité
Au dur pédant qui le régente,
Qu’aux sots parents qui l’ont gâté.
“Le petit Chien”