Au creux d’un Marronnier s’établit un essaim.
C’était près d’un parterre où mille fleurs vermeilles
Aux diligentes Abeilles Offraient un riche butin.
Aussitôt on se met en quête,
On revient, on reprend l’essor,
Et, pour recevoir leur trésor,
Mainte cellule est déjà prête.
Fier de loger ce peuple industrieux,
Le Marronnier sourit à leur ouvrage;
Il s’estime dès-lors un très haut personnage;
Bref, monseigneur jette à peine les yeux
Sur les arbres du voisinage.
Un Pommier s’en indigne; il lui dit : Orgueilleux,
D’où te vient donc cet air avantageux?
Est-ce du miel qu’en ton sein l’on dépose?
J’admire ces rayons, sans doute, et j’en fais cas;
Mais tout l’honneur n’en appartient-il pas
A l’Abeille qui les compose?…
De ton fruit, si tu peux, corrige l’âcreté,
Nourris, comme l’Abeille, et les champs, et la ville ;
Et nous te passerons un grain de vanité,
Dès que tu sauras être utile.
“Le Pommier, le Marronnier, et les Abeilles”