Promesses de l’amour, vous n’êtes que mensonges :
Ces biens que vous montrez, ces longs destins si purs
Se dissipent comme des songes.
L’amitié vaut bien mieux, ses serments sont plus sûrs :
Elle est indulgente, elle est bonne.
Se trouve-t-on en faute, elle pleure et pardonne.
Un prince se mourait d’amour,
Tant sa princesse avait de charmes.
N’obtenant d’elle aucun retour,
Il passait ses jours dans les larmes.
Ce prince, qu’on traite si mal,
N’offre pas un cas ordinaire…
Peut-être avait-il un rival.
Tout effrayée, enfin, sa mère
Alla chez un magicien,
Et, dans un rapide entretien,
Lui fit comprendre sa misère.
— Voici, dit-il, un talisman
Qui mettra fin à ce roman. —
C’était un miroir dont la glace
Réfléchissait l’objet aimé,
Mais en plus d’un point transformé.
Ce talisman trop efficace
Le montrait parlant et pensant
Tout haut et sans feinte agissant.
Plus d’illusions, de chimères,
Vertus et grâces mensongères
Avaient soudainement quitté
Ce théâtre de vérité :
Il n’en restait pas un atome.
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Notre prince, poussant un cri,
Pleura beaucoup, mais fut guéri…
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Car l’amour adore un fantôme.
“Le Prince qui meurt d’Amour”
- Alexis Rousset , 1799 – 1885