Maître Renard, creusant la terre,
Et s approchant trop près de l’empire des morts.
Trouve un dragon gardien des trésors
Du dieu qui lance le tonnerre.
Seigneur, lui dit-il humblement,
Le hasard m’a conduit à votre appartement.
Je ne vous cherchais pas, excusez l’imprudence.
Je ne viens point pour vous faire un larcin :
Car tout votre or pour moi ne vaut pas un lapin.
Mais puis-je, avec votre licence,
Seigneur, vous demander quel fruit
Il vous revient de votre vigilance,
Et de passer vos jours dans un si noir réduit ?
– Aucun, dit le dragon, Jupiter me l’ordonne.
– A l’or que vous gardez, vous ne touchez donc pas.
Et vous n’en donnez à personne ?
– Cela m’est défendu. – Je vous plains, en ce cas,
Reprit Maître Renard, et je ne puis m’en taire.
Même au péril de vous mettre en courroux.
Jamais le ciel dans sa colère
N’a créé d’animal si malheureux que vous.
Exceptons-en l’avare : il veille sans salaire
A son trésor, comme un dragon ;
Mais il a bien moins de raison :
Car il en est l’esclave volontaire.
“Le renard et le dragon”