Un jeune Rossignol charmait le voisinage,
Grâce au doux timbre de sa voix ;
Mais l’aimable chanteur des bois
Prisait par trop cet avantage.
— Sans la douceur de mes accents,
Que deviendrait le gai printemps ?
Il perdrait tous ses agréments.
Seul, j’enchante tout le bocage,
Par la beauté de mon ramage.
La nuit le silence est parfait,
Je parle, et tout se tait.
Ah ! pauvre Rossignol, que n’es-tu plus modeste !
Ton orgueil te sera funeste.
Certaine Buse l’entendit,
Sur notre beau Chanteur fondit ;
De ses cris sans être touchée,
Elle n’en fit qu’une bouchée.
Qu’importait, après tout, sa vie ou son trépas ;
D’un Rossignol de moins on ne s’aperçut pas.
Il n’est point d’être sur la terre
Indispensable, nécessaire.
Le penser est fatuité :
Que faible est notre utilité !
En effet, quittons nous la place,
Un autre à l’instant nous remplace.
Ne faisons point à tort les affairés,
Aujourd’hui bien vivants, et demain enterrés.
“Le Rossignol présomptueux “