Une guenon de vieille race
Avait un fils, Jaquot, singe des mieux tournés ;
Œil vif, poil soyeux, joli nez,
Bouche faisant peu la grimace.
La guenon l’adorait ; par malheur, vint un jour
Où notre singe au cœur sensible,
Entendit la voix de l’amour.
Adieu doux repos, nuit paisible,
Age que fuit le noir chagrin,
Hélas ! une main invisible
Vient d’obscurcir un ciel serein.
L’air si pur, l’herbe parfumée,
Pour notre singe étaient sans prix,
Les regards de la bien-aimée
Sont tout pour un cœur bien épris.
La matrone alarmée apprenant de son fils
D’où provenait cette mélancolie,
S’écria : Vous aimez une jeune guenon,
Qui, je l’avoue, est fort jolie,
Mais l’épouser serait folie,
Car elle est sans dot et sans nom.
Elle tient bon…. Jaquot soupire,
Jaquot maigrit, Jacquot expire
Victime de sa passion.
Ah ! que son cœur devait maudire
Les mariages de raison !
“Le Singe amoureux”