Avec quelle joie on l’accueille,
Ce fameux trèfle à quatre feuilles,
Gage d’un avenir riant,
Tel un fétiche d’Orient,
Qui nous garde de malencontre,
Et que, comme une dent de tigre ou de serpent,
Dans un médaillon l’on suspend
En toute confiance à sa chaîne de montre !
Mais quoi, n’as-tu pas réfléchi
Que, pour les autres trèfles, celui-ci
Etait une espèce de monstre ?
Quand les autres n’en ont que trois,
La foliole de surcroît,
La quatrième, qui lui pousse
Sans qu’on ait su ni comment, ni pourquoi,
A quelque chose, qui courrouce, —
Répulsion, inquiétude, effroi, —
Qui à la règle fait injure,
Et doit aux gens normaux, et à toi et à moi;
Comme ayant transgressé ses lois,
Apparaître contre nature :
En vérité, en vérité,
Faut-il tirer avantage et fierté
De ce qui n’est qu’une difformité ?
Et voilà, dans les trèflières, —
Qui n’en sont pas fières,
Ah ! mais non !. —
Voilà l’excellente raison
Des difficultés singulières,
(Ces difficultés, il est vrai,
Sont un supplémentaire Attrait),
Qui te rebutent, te désolent
Quand tu voudras te procurer
Un trèfle à quatre folioles.
Ces trèfles-là
Ne manquent pas.
Hélas !
Mais lorsque des parents ont un enfant difforme,
Ils ne s’en vantent pas, à le cacher ils tâchent ;
Rends-toi compte, et sache
Qu’en somme,
Un trèfle à quatre feuilles, c’est tout comme :
Les autres trèfles te le cachent.
Aussi bien le bonheur est-il mieux établi, —
Je m’en méfie, et j’en fais fi, —
Qui réclame, avant qu’il n’éclate,
Quatre feuilles au trèfle, quatre, —
Pourquoi pas, pourquoi pas aussi,
Deux têtes pour un veau, pour un mouton cinq pattes,
Et quatorze heures à midi ?
“Le Trèfle à quatre feuilles”