La Santé, la Vertu, le Plaisir, la Richesse,
Du bonheur des humains ces quatre grands moteurs,
Comparurent un jour aux beaux jeux de la Grèce.
Chacun de ces compétiteurs
Prétendait hautement que l’homme
Lui devait le souverain bien,
Et concluait par demander la pomme.
La Richesse, au brillant maintien,
Disait : de tous les biens c’est moi qui suis la mère,
Puisqu’on peut avec moi se les procurer tous.
Vous vous trompez, répondait sans courroux
Le Plaisir; car enfin, ma chère,
On ne veut vous avoir que pour me posséder.
La Santé dit : je vais vous accorder;
Votre débat est inutile,
Vous disputez un prix qui m’appartient.
Sans moi, vous le savez, le plaisir est stérile,
Sans moi la richesse n’est rien.
Déjà le tribunal en sa faveur chancelle,
Quand la Vertu se présente à son tour.
Quel prix obtiendrai-je? dit-elle
D’un air modeste et pur comme un beau jour.
Ignorez-vous, ô juges vénérables,
Qu’avec de la santé, de l’or et du plaisir
Les hommes bien souvent se trouvent misérables
Et sentent dans leur cœur le trait du repentir?
Moi seule ai le rare avantage
De procurer le vrai bonheur.
Ces mots, accompagnés d’un sourire enchanteur,
Décidèrent l’aréopage,
Et la Vertu reçut la palme du vainqueur.
“Le Triomphe mérité”