Maximilien Emmanuel-Charles de Malon
Dans le sein de l’amour et de la volupté,
Un sultan dépouilloit sa majesté hautaine ;
Déposant son tonnerre et son autorité
Aux pieds d’une jeune Beauté,
D’une Captive souveraine.
Il choisir Mahamoud, né dans l’obscurité,
Pour promulguer ses loix à son empire immense.
Le glaive dangereux de la toute-puissance
Dans les mains du Visir brilloit en sûreté ;
Son esprit vaste, et son intégrité
Le mettoient au dessus même de sa fortune.
C’étoit une âme peu commune ;
Il sembloit, à ce rang monté,
Ne voir dans la grandeur qu’une chaîne importune.
Et regretter sa médiocrité.
Il fut surnommé Grand, et ce nom si vanté
Fut tant de fois en tous lieux répété,
Qu’il se forma bientôt une puissante ligue,
Qui lui ravit jusqu’à sa liberté ;
Malheureux, exilé, victime de la brigue,
Son courage s’éteind ; Triste , sombre, farouche,
Il ne put faire tête à cette adversité.
Pour savoir si le nom de Grand est mérité,
Attendons un revers ; C’est la pierre de touche.
“Le Visir”