Eugène, enfant très-entêté,
Comme l’est tout enfant gâté,
Retenait (Dieu le lui pardonne!)
Dans ses cruelles mains, par un fil arrêté,
Un pauvre hanneton que le sort abandonne.
Né libre, un hanneton tient à sa liberté:
Celui-ci fait valoir les lois, l’humanité,
Le droit des gens… que sais-je? il déraisonne.
« Quoi donc! cet insecte bourdonne!
« Disait Eugène, il est par trop méchant :
« Je ferai bien finir son chant.
« D vit, grâce à mon indulgence;
« Il me doit tout… et l’insolent
« Ose parler d’indépendance l
« Il a besoin d’un châtiment ;
« Je devrais le tuer vraiment, »
Mais il sert à mes jeux, il faut le laisser vivre. »
Lorsque du pouvoir il s’enivre,
Du mal qu’il ne fait point se prévaut un tyran.
Que, sur ce texte-la, je ferais un beau livre!
Mais chut! je veux être prudent.
“L’Enfant et le Hanneton”
