Au Cardinal de Fleuri.
Laisse-moi remplir ma vengeance
Contre des ennemis jaloux .
Disait l’Épée à la Balance;
Je vais frapper les derniers coups.
Par toi ma valeur animée ,
A la victoire accoutumée,
Rejette un indigne repos.
Eh ! ne m’aurais-tu réclamée
Que pour suspendre mes travaux?
Arrête, lut dit la Balance,
Je dois mettre un terme aux exploits.
Le glaive n’est que la défense,
Non le renversement des lois.
Le Rhin et le Pô, tout est libre ;
Les droits injustes sont détruits;
Tu m’as rendu mon équilibre ;
Laisse les nations en recueillir les fruits.
C’est aux mains de Fleuri maintenant que nous sommes.
Il n’est plus de Thémis pour nous ;
Fleuri, le plus sage des hommes ,
Va faire a l’univers le destin le plus doux.
Nous ne sortirons plus de ses mains équitables,
Source du bonheur des mortels :
Et là, plus que jamais , justes et redoutables,
Nous mériterons mieux leurs vœux et leurs autels.
- Jean-Baptiste Joseph Willart de Grécourt, 1684 – 1773 (L’Epée et la balance)