Un épagneul des plus beaux de l’Espagne,
Avec effusion de cœur,
Disait un jour à sa compagne :
Ah ! quelle serait ma douleur
Si jamais tu m’étais ravie !
Rien n’adoucirait mes regrets.
Le chagrin flétrirait ma vie.
J’irais chercher les bois les plus épais
Pour nourrir ma mélancolie.
Là j’accuserais du destin
La rigueur extrême ;
L’écho, du soir au matin,
Redirait combien je t’aime.
Vois, chère moitié de moi-même,
Vois si jamais mari
Plus que moi peut aimer sa femme?
— Je te sais bon gré, mon ami,
De me montrer tant d’affection d’âme.
Mon cœur en est tout réjoui.
Mais pour mieux me prouver ta tendresse profonde,
N’attends pas que la mort me porte en l’autre monde
Fais mon bonheur dans celui-ci.
“Les deux Epagneuls”