Un lion fut un jour blessé par les cornes d’un taureau. Dans sa colère, il bannit de son royaume toutes les bêtes à cornes ; chèvres, béliers, daims, et cerfs décampèrent aussitôt. Un lièvre, voyant l’ombre de ses oreilles, en fut alarmé, et se prépara à décamper aussi. Adieu, cousin, dit-il à un autre, il faut que je parte d’ici : je crains qu’on ne prenne mes oreilles pour des cornes. Me prenez-vous pour un imbécile, dit le cousin : ce sont des oreilles, sur mon honneur. On les fera passer pour des cornes, répliqua l’animal craintif : j’aurai beau dire et protester ; on n’écoutera ni mes paroles ni mes protestations.
L’innocence n’est pas à l’abri de l’oppression.
“Les Oreilles du Lièvre”