Une petite fille avait une poupée
Et depuis quelques jours était fort occupée
A lui faire une robe ; oh ! c’était si joli
De la voir attifée ainsi
Rien ne manquait à sa toilette;
C’était parfait, sinon que la pauvrette
Se lamentait de n’avoir à ses pieds
Pas de souliers !
Je veux pas, dit sa jeune maîtresse,
Qu’elle aille ainsi pieds nus ! Alors, elle s’empresse
De courir en serrant son trésor sur son cœur
Chez un vieux cordonnier toujours de sonne humeur.
Monsieur le cordonnier, je voudrais, lui dit-elle,
De jolis souliers bleus. – Fort bien, mademoiselle,
Je vous prendrai mesure ; avancez votre pied !
– Mais ce n’est pas pour moi, mo,sieur le cordonnier
Je n’ai pas besoin de chaussures
C’est ta poupée à qui l’on dont prenpre mesure.
Le cordonnier, sourit et lui répond : – Hélas !
Mon cuir est bien épais pour ses pieds délicats ;
Votre poupée est jeune ; elle a la peau trop tendre
Pour être emprisonnée ainsi; mieux vaut attendre ;
Revenez me trouver plus tard, et cette fois
Je lui prendrai mesure; attendez quelques mois.
La fillette, à ces mots, un peu contrariée,
Se lève poliment en disant : – Ma poupée
Peut ne pas supporter le cuir rude, il est vrai,
Surtout n’oubliez pas une bonne doublure ;
Ma fille un de ces jours peut se mettre à courir,
Et tes chers petits pieds, il faut bien les couvrir !
Le brave cordonnier ne fut pas intraitable,
Et souriant d’un air aimable;
Votre poupée aura de bons petits souliers!
Quelquefois Dieu nous laisse attendre,
Quand nous réclamons son appui ;
Avec persévérance adressons-nous à lui,
Insistons, ,et ce Dieu si fidèle et si tendre,
Finira bien par nous entendre.
“Les souliers bleus “