Dans un bal éclatant un escarpin brillait ;
Sur sa pointe boucle dorée A tous les yeux étincelait.
Sa fragile enveloppe élégamment cirée
D’un pied délicat et charmant
A peine formait la bordure.
Au coin du même appartement
Humble sabot, pauvre chaussure,
Avait été laissé, je ne sais trop comment.
L’escarpin fait les honneurs de la danse.
Il saute, vole, est admiré;
Dans son réduit l’autre reste ignoré,
Il observe tout en silence.
Monsieur de l’escarpin l’aperçoit et soudain
Lui lance un regard de dédain.
Le bal finit, la nuit était obscure,
Il pleuvait, l’on ne peut rencontrer de voiture.
Chacun, pour aller au logis,
Dut, comme il put, user de sa chaussure
Alors sabot se montre, avec joie il est pris.
L’orgueilleux escarpin dans la fange boueuse
Bientôt se voit tout enfoncé.
Sabot fait une marche heureuse
Et porte sain et sauf le pied qui l’a chaussé.
Attends au jour de la disgrâce
Celui que le plaisir, que le luxe enivra;
Il sera remis à sa place :
L’homme modeste et simple alors triomphera.
“L’Escarpin et le Sabot”