Par des vœux importuns nous fatiguons les Dieux :
Souvent pour des sujets même indignes des hommes.
Il semble que le Ciel sur tous tant que nous sommes
Soit obligé d’avoir incessamment les yeux,
Et que le plus petit de la race mortelle,
A chaque pas qu’il fait, à chaque bagatelle,
Doive intriguer l’Olympe et tous ses citoyens,
Comme s’il s’agissait des Grecs et des Troyens.
Un Sot par une puce eut l’épaule mordue.
Dans les plis de ses draps elle alla se loger,
Hercule, se dit-il, tu devais bien purger
La terre de cette Hydre au printemps revenue.
Que fais-tu, Jupiter, que du haut de la nue
Tu n’en perdes la race afin de me venger ?
Pour tuer une puce il voulait obliger
Ces Dieux à lui prêter leur foudre et leur massue.
Analyses de Chamfort – 1796.
L’Homme et la Puce :
V. 1. Par des vœux importuns, etc. . . .
Cette distribution égale de huit vers pour le Prologue , et de huit autres pour la fable, rappelle ce que nous avons dit dans la note sur celle du coq et de la perle , liv. I. fable 10.
Les Fables de Lafontaine analysées par Charles Aubertin, 1891.
2. Esope, F. 194. Pulex et Athleta. — 62, Pulex.
3. Intriguer, mettre en émoi. — Grecs et Troyens. Dans la guerre de Troie, les dieux, comme on sait, prirent parti les uns pour les Grecs, les autres pour les Troyens, et descendirent dans la mêlée.
4. Ce dit-il. Manière de parler surannée. Ce dit-il équivaut à : dit-il en cela, à ce sujet. — On disait pareillement: quoique c’en soit, ce néanmoins, ce dit-on.
5. Que fais-tu… que tu n’en perdes. Tournure elliptique, familière à l’ancien français et imitée du latin (quid facis quin ou quominus perdas). C’est-à-dire : que fais-tu qui t’empêche de…
Je ne sais qui me tient, infime,
Que je ne t’arrache les yeux. (Molière.)
— « Sors vite, que je ne t’assomme. » (In., l’Au., i, 3.) — « J’ai une tendresse pour mes chevaux, qu’il me semble que c’est moi-même. » (Id., ibid.) III, 5.) (L’Homme et la Puce)