Suzanne et son mari Gautrais,
Ayant terminé les semailles
Vinrent visiter le palais
Que le grand roi fit à Versailles.
Ils demeurèrent éblouis
En contemplant tant de merveilles.
« Quand on a des choses pareilles,
» On se passe du Paradis,
S’écriait la bonne fermière.
» Je ne voudrais jamais mourir,
» Si j’en étais propriétaire.
» Gautrais… Si ça pouvait venir ?…
» Pourquoi pas ? Si c’est bien à d’autres.
» Ce pourrait de même être à nous.
» Ces lits-là, ce seraient les nôtres :
» Et ces meubles et ces bijoux…
» Dis-donc, Gautrais, vois-tu ta femme
» Dans un beau carrosse doré ?
» Un chacun me dirait : « Madame…
» C’est moi qui n’irais plus au pré ! »
La pauvre femme alla par terre,
Elle glissa sur le parquet.
« Cela va t’apprendre à te taire,
» Lui dit Gautrais. C’est très-bien fait.
» Quand on est une paysanne,
» Sur un parquet si bien ciré
» On se tient mal. Viens-t’en, Suzanne,
» Il faut mener la vache au pré. »
“Suzanne au palais de Versailles”