Daniel Allemand
Fabuliste contemporain – Tout à l’égo pour deux nuisibles
Toute société ne manque pas de méchants
Cette déviance, ce penchant
Au fallacieux est une came
Pour qui on donne le bon Dieu sans confession.
Voici donc une hippopotame
Qui a le vice pour passion
De folie ne faisant la nique
Que pour la jouissance d’en faire
Epaulée d’un fourbe moustique
Ami suceur pour mieux déplaire
A toute vie spirituelle.
Oui braves gens, les âmes faibles sont cruelles !
Elle aimait l’argent par délice,
Il aimait la perverse,
Et à deux ils buvaient la lie jusqu’au caprice
A en pourrir toute kermesse.
De son seul poids, sur son passage elle tuait tout
Néanmoins la malice comblait son bagout.
Sous le fort le faible succombe,
Son riche époux en fit une amère expérience
Elle hérita jusqu’à la tombe
L’anesthésiant de ses silences.
Puis cette chipie médisante
En aliéna tous ses amis ;
Son comparse par ses piqures incessantes
Transmettait paludisme et fièvres ennemies.
L’ombrageux fut moins difficile
A manœuvrer, que le pauvre conjoint trop docile,
Il était veule et malfaisant
Niais, servile et médisant.
Séduisante et fort sympathique
Sous son masque toxique
L’herbivore en liesse sautait dans le fumier
Et de plus belle embobinait la confrérie
Le piqueur infirmier
Pompant, tout sot du safari.
La comédienne extravertie
Passait du bien au mal, d’un air
Magique et perverti
En profonde tristesse ou immense colère
Détruisant tous les bons usages
Liens, amours, bontés, par d’incessants chicanages.
Le lion sut la chose et manda son limier
« J’ai, dit-il, vent dans ma prairie
D’un vil cheval de mer qui sous des airs de sage
Dénigre tout sur son passage
Il faut que vous y mettiez fin ! »
« Sire, comptez sur moi », jura le détective
On lui donna os pour la faim
Et pour unique directive
De stopper les deux aigrefins.
« Comment Dieu vous-y prendrez-vous ? »
« Par leur tout à l’égo débordant, voyez-vous. »
Donc au palais elle ne fut plus invitée
Chacun chercha à l’éviter
En apprenant les ponctions qu’elle avait pu faire
Après les vaccins de son sbire ;
D’aucuns enfin comprenaient qu’elle déblatère
Et qu’au contact on se portait de mal en pire.
Dès lors la psyché se brisa
A tort sa jalousie déclencha sa colère
Le monde elle le méprisa
Tout en multipliant ses actes délétères
Tel un volcan en feu, son ire s’attisa
Multipliant ses duperies ;
Mesquine et malicieuse
Elle s’offusqua même de ses tromperies.
Vipérine et pleureuse,
Elle s’en prit au moustique.
De folie, de furie elle en eut tous les tics
Si bien que le vrombissant insecte en pouffa
Tant, qu’elle s’étouffa
Lorsqu’elle l’avala.
Les malfrats dézingués, on s’en arrêta là.
Ayant confié sa rhétorique,
Validé la mise en pratique
Que l’être est mieux que le paraître
Le limier revint dormir aux pieds de son maître.
Le « Moi » est souvent l’ennemi
Avant d’être tyran des autres,
L’emprise et l’abus ne sont que pures infamies
Pour les diseurs de patenôtres.
A quoi bon abuser, à quoi bon s’écharper
Rien ne sert de duper, tricher ou larmoyer,
Car qui veut trop avoir laisse tout échapper
Amitié, santé, vie, foyer.
Daniel Allemand
- Fables et illustrations de Daniel Allemand, blog à visiter…Plumes et Rimes