Un de mes parents protestait :
Avec courroux, il attestait
Que mes vérités détestables,
Lui devenaient désagréables
Pour plaire, il me faudrait avoir
Constamment un grand encensoir
On emploie aussi ce système
Pour ceux d’une faiblesse extrême,
Ces hommes, devenus enfants,
Sont par cela “trop confiants,
Se laissent prendre aux flatteries,
Ces douceurs de leurs fantaisies,
Qui sont souvent dérisions;
Chères sont leurs illusions :
Nature faible s’en contente,
La raison est pour eux absente;
Mais l’homme vraiment sérieux
Doit être en tout fort envieux,
De ne se leurrer de chimère,
Prendre pour vrai ce qui peut plaire;
Il faut qu’ayant droit jugement,
Il juge avec discernement;
Absorbé parfois en affaire,
Sans penser… bévue il peut faire… …
Quand de véritables amis
Dans la tête se seront mis
De lui dire la vérité,
Pour tous, très grande utilité,
Il comprendra que tolérance
Fait voir de nos fautes l’absence ;
Après une réflexion, A l’ami donnera raison.
Mais ainsi le veut notre époque,
Nous éloignons ce qui nous choque.
Très rares sont les vrais amis
Auxquels de tout dire est permis;
Cette lacune nous abuse,
De l’injuste, parfois, on use;
Pourtant, tous nous donnent raison
Sur certains faits hors de saison;
Il s’agit de ne pas déplaire,
Cela s’appelle un savoir-faire,
On y voit souvent son profit,
Dans ce mensonge que l’on dit;
Devant, sans cesse on nous acclame,
Toujours, en arrière, on nous blâme;
Si l’on ne voit pas son défaut,
Celui des autres, aussitôt,
A nos yeux, tout de suite, il saute;
Chacun en constate la faute;
Cet aperçu, clair pour autrui,
Fait qu’à lui, souvent, on a nui.
Mais il est si bon de médire,
Toujours avec un doux sourire;
Alors, pour nous, est un trésor,
Lorsqu’un ami vrai l’on possède,
Et l’on est vraiment dans son tort
Si, sur son dire, on ne concède.
“Utilité d’un véritable Ami”