Il n’est de temps plus mauvais ni meilleurs,
De lieux si saints, là, ni partout ailleurs,
Où les Larrons ne fassent chaîne ou trame.
C’était un jour de fête à la Grand’ Notre-Dame :
Un jeune Cavalier, qui dans la foule était,
Et, comme au temps d’alors, une robe portait,
Mais, belle, qu’un Satrape en eût fait ses dimanches,
Sentit qu’un Larron lui coupait
Des boutons d’or qu’il avait à ses manches.
Sans trop faire semblant de rien,
Mon Gentilhomme avise le Vaurien,
Tire sa dague, au Larron prend l’oreille,
Et la lui coupe à la pareille ;
Puis, vous la lui montrant : Aga, dit-il, Aga,
Mon brave, elle n’est point perdue,
Ton oreille, la vois-tu là ?
Rends-moi donc mes boutons, et tiens que te sera
Ton oreille aussitôt rendue.
Mais, faisons mieux : que si ton goût
S’accorde avec le mien, je serai bon apôtre ;
Viens-t-en chez le Prévôt, qui recoudra le tout.
Et je promets, si grand d’ailleurs qu’en soit le coût,
De payer la façon tant pour l’un que pour l’autre.
Point n’ignore que nul ne doit
Se faire justice à soi-même,
Ni toucher, que du bout du doigt,
Son Voleur, s’il le peut prendre ainsi : beau système,
Que la mansuétude extrême
Qui, de nos jours, proscrit et dagues et bâtons !
Bien m’est avis, pourtant, que Messieurs les Larrons
Ne tiendraient leur état en si haute merveille,
S’il leur fallait, à couper nos boutons,
Risquer, pour le moins, une oreille.
“A Bon Chat, Bon Rat”