Daniel Allemand
Fabuliste contemporain – A fleur de fable
Chaque fleur a son mot à dire
Depuis l’antiquité
Mais toutes cherchent à s’esbaudir
De la rose rouge, pour son éternité,
De sa beauté et de ses modes
Aux affres d’un amour intense,
Celle de Ronsard ou bien d’Hésiode
Qui est le signe de la chance.
Il en est de même dans le jardin des fables
Toutes à goûter la plénitude aimable.
Ces fleurs s’abreuvent à l’eau de la fontaine
Pour des odes légères tendres et sereines,
Fleurissant en raffinements subtils
Le cœur par des battements indicibles
Égayé de multiples styles
Qui rendent le bonheur intelligible.
Mais leur épanouissement crucial
Reste souvent en quête de la fleur plus belle
Cette rose du Graal
Qui change l’art en miel.
Au bas des plates-bandes
De beaux œillets de toutes les couleurs
Cherchaient dans cette contrebande
La quête du bonheur
Par leur sincérité dans la durée.
Ne supportant l’égalité
Un tournesol orgueilleux
Offrait démesure aux envieux
Gagnant des félicitations
Pour sa belle grandeur
Portant du soleil la couleur ;
Là, sans grande ambition
Une renoncule lui délivrait
De très beaux compliments
Faisant émules de pauvrets
Très fiers et conquérants.
Le glaïeul imposant sa personnalité
Tel un travailleur forcené
De son grand charme suranné
Attendant l’heure, avait quelque velléité
Pour envoûter la rose.
Les primevères demandaient du renouveau
Abandonnant leur prose
Pour quelques vers de fabliaux.
L’orchidée papillon
S’invitant au plaisir des cymes
N’offrit ni protection
Ni sa fidélité aux rimes.
Les soucis tentèrent de conjurer le mal
De la douleur et du chagrin
De ne trouver rose fatale
En maltraitant l’alexandrin.
Alors une tulipe se prit pour la rose
Et clama qu’on l’arrose
En créant de grands moments d’émotion
Prônant ses promesses d’imitation
Aux très jeunes bourgeons ;
Mais elle se fana trop vite
Auprès de la fontaine aux dons.
Lors survint l’églantine instruite
Cette fleur des poètes
Si chaste et raffinée
Qui comme une échauguette
Inexpugnable, tentait de s’échiner
En se faisant bonheur
A raison ou à tort
D‘être cette reine des fleurs
Ne contrôlant plus son apport.
N’est pas rose qui veut !
Nature ainsi en fit l’aveu.
La pépinière crût prendre un parti sûr
Avec la protection des œillets en fleurs.
La marguerite innocente d’éclaboussure
Et le muguet porte bonheur
En appelèrent aux chrysanthèmes
Qui protégèrent la fontaine.
Laissant l’absolu de rose, nos fleurs sereines
Refirent fleurir leurs délicats thèmes.
Il en est ainsi sur tous les terrains,
Les hommes et les fleurs
Peuvent avoir souverain
Mais ô combien se leurrent
A l’idée d’être roi.
Tel te sourit celui
Qui te hait ou t’envie,
Peu compte le désarroi
Si la douceur fait des amis,
La vérité accroit les ennemis.
Ce sont sujets de cour
Car si les fleurs parlent d’amour
Faut-il que les hommes se brusquent
Quand les mânes s’embusquent
Au sein des voluptés
Des plaisirs inassouvis.
Tout cela sans doute fait toute la beauté
Chamarrée de la vie.
Daniel Allemand
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