Aimé Vingtrinier, né le 31 juillet 1812 à Lyon et décédé le 8 avril 1903 à Lyon, était un imprimeur , écrivain, historien amateur.
Fabulettes, par Aimé Vingtrinier :
L’auteur s’est donné le plaisir innocent de détraquer quelques fables de La Fontaine, « de manière à ce que l’on puisse les mettre en musique. » Ah! voilà ce qui est excellent. Je sais bien qu’on s’avise de mettre les Deux Pigeons en ballet à l’Opéra; je ne sentais pas, la nécessité de faire chanter le Loup et l’Agneau, la Cigale et la Fourmi, les Deux chiens, etc.
M. Vingtrinier n’a pas même eu là une inspiration neuve. Il y a beau temps que, dans les pensionnats, le jour de la distribution des prix, petites filles et petits garçons chantonnent une fable de La Fontaine. Le musicien s’est soumis à l’allure du fabuliste. C’est probablement parce qu’il doute de l’habileté des musiciens que M. Vingtrinier, sans respect pour de petits-bijoux littéraires, les, a « arrangés » comme il dit. Ne se chargera-t-il pas aussi « d’arranger » quelques tableaux de Véronese, ou du Titien, ou de tel autre pour qu’ils puissent servir d’enseigne ? Les Noces de Cana arrangées pour servir d’enseigne au restaurant Bignon ! ce serait d’une ingéniosité délicieuse.
Dans une préface, Aimé Vingtrinier , nous explique comme quoi La Fontaine n’a pas voulu dans la Cigale et la Fourmi louer la dureté de cœur. Il paraît qu’il a lui-même essuyé les refus d’un fermier général, un jour de détresse.
« — Que faisiez-vous au temps chaud? dit-il à l’immortel poète.
« — Je chantais ne vous déplaise, comme Ossian, Milton ou Camoëns, comme Homère, le Tasse ou Lamartine. »
Ah! La Fontaine a répondu cela ! M.Aimé Vingtrinier s’en porte garant :
C’est trop drôle qu’on se mette en colère contre l’irrévérence de l’« arrangement.»
- Le Livre : revue mensuelle, 1880-1889, Uzanne, Octave (1851-1931). Rédacteur