Jacques Delille, souvent appelé l’abbé Delille, né à Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme le 22 juin 1738 et mort à Paris le 1er ou 2 mai 1813, est un poète et traducteur français.
Voyez dans ses récits le fabuleux Ovide,
Qui d’erreurs en erreurs conduit l’esprit avide,
De prodiges sans nombre embellir l’univers.
La raison, en secret, présidait à ses vers :
C’étaient des fictions, mais non pas des chimères.
Chaque être, en dépouillant ses traits imaginaires,
Reste dans la nature et dans la vérité :
Les bois offrent encore à l’œil désenchanté
L’arbre de Philémon, celui de sa compagne,
Narcisse est une fleur ; Atlas une montagne ;
Hyacinthe expirant ne meurt pas tout entier ;
Que Daphné disparaisse, il nous reste un laurier.
Du palais du Sommeil les brillantes demeures,
Ses coursiers enflammés attelés par les Heures,
En s’évanouissant laisseront sous vos jeux
Et l’ordre des saisons, et la marche des cieux.
Dans Ixion enfin, dans la vapeur qu’il aime,
L’Imagination se peignit elle-même :
Ainsi la vérité sort de la fiction,
Ainsi la vigilante et sévère raison
Ne se laisse bercer que par d’heureux mensonges,
Et veut à son réveil aimer encor ses songes.
- Œuvres de J. Delille: L’imagination Par Jacques Delille 1824 (extrait) -Apologie de la fable par Dellile