Fénelon
Archevêque, poète et fabuliste XVIIº – Biographie de Fénelon
Fénelon (1651—1715), né au Quercy, archevêque de Cambrai, de l’Académie française en 1693; précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Nous ne pouvons, dans un ouvrage consacré exclusivement à la littérature, que faire une bien courte allusion aux disputes théologiques que soulevèrent dans l’Église de France, vers la fin du XVIIe siècle, les doctrines du quiétisme qui avaient pris naissance dans les écrits de la fameuse Mme Guyon. La condamnation de ces doctrines par Bossuet et leur défense par Fénelon, placèrent ces deux prélats, l’un vis-à-vis de l’autre, dans la position de deux adversaires dont la lutte devait être d’autant plus retentissante qu’ils y apportaient te bruit de leur renommée et l’éclat de leur génie. Cette affaire se termina par la disgrâce de Fénelon qui vit condamner ses Maximes des saints par une bulle du pape, en date du 12 mars 1699.
Que dire de cet incomparable écrivain si ce n’est qu’il fut une des intelligences les plus belles, les plus lumineuses et les plus sereines qui aient jamais brillé dans ce monde. Fénelon a abordé les genres d’études et de travaux les plus opposés, la philosophie, la morale, la théologie, la littérature, l’éloquence, la pédagogie, et l’on ne sait ce qu’on doit le plus admirer dans son œuvre de la beauté morale du fond ou de l’exquise élégance de la forme. Qu’il s’agisse de prouver l’existence de Dieu, de donner des préceptes pour la direction de Ja conscience d’un roi ou pour l’éducation des filles, de mettre en action dans une sorte de roman épique, toutes les leçons que la sagesse antique et moderne a vu rassembler pour l’enseignement des rois et des peuples, ou bien enfin de raconter avec l’ingénuité de l’âge d’or, soit une fable, soit une idylle, et même de peindre à la façon de La Bruyère un portrait tel que celui du fantasque, la prose de Fénelon a toujours et partout la même grâce, la même abondance, la même souplesse, la même clarté. Elle ne fait seulement que changer de nuances et de ton, suivant le sujet qu’elle traite. Il n’est point de matière si rebelle et si âpre qu’elle ne façonne et n’adoucisse. Les splendeurs de la Grèce antique s’étaient déjà reflétées dans les grandes œuvres littéraires de la Renaissance; mais ce rayonnement du passé dans lequel le XVIe siècle saluait avec enthousiasme l’aurore des temps nouveaux, était encore obscurci par bien des nuages et surtout par l’ombre du moyen âge. Avec l’auteur de Télémaque nous sommes sous le ciel pur de l’Attique. Le génie de lu Grèce a passé tout entier dans l’âme d’un prélat chrétien, et il semble que sous la robe de l’archevêque de Cambrai, ce soit encore Platon qui parle de l’essence divine de l’âme et de son immortalité.
Biographie de Fénelon – A. R. (Notice sur Fénelon)
La Littérature Française depuis la formation de la langue jusqu’à nos Jours, par Lieutenant-Colonel Staaff – 1870
François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon 1651 – 1715