Ce n’est pas le Pérou.
Le nom de cette grande contrée de l’Amérique Méridionale, devenu proverbe, est le synonyme de l’empire de Plutus. Les grandes richesses et tout l’or qu’en retirèrent les Espagnols du temps de Pizarre sont loin de répondre aujourd’hui à l’idée que s’en forme le vulgaire. Le voyageur qui visite aujourd’hui le port de Calao, qui a été détruit par un tremblement de terre, reconstruit depuis, et par lequel s’écoulent toutes les richesses actuelles du Pérou, ne tarde pas à revenir de son enchantement, auquel succède une surprise d’une toute autre nature. Son imagination, éblouie sans doute par toutes les merveilles qui ont été débitées sur la richesse du Pérou, lui fait supposer que les maisons de Calao sont bâties avec des masses d’argent et couvertes de lames d’or. Quel doit être son étonnement, lorsque sur un sol aride et privé de toute espèce de végétation, il aperçoit quatre cents maisons formant des rues anguleuses, étroites et irrégulières; lorsqu’il ne trouve dans cette ville, que le commerce a rendue célèbre, que de misérables auberges où règne la plus dégoûtante malpropreté, et inférieures à nos gargottes de village; que doit-il penser, lorsqu’il apprend qu’il n’y a même pas un boulanger dans la ville, et que les habitants sont dans la nécessité de faire venir leur pain de Lima, ville éloignée de deux grandes lieues! C’est bien le cas pour lui de faire usage d’un de nos dictons, et de s’écrier : Le Pérou n’est pas le Pérou, ou ce n’est pas te Pérou.
- Proverbes