C’est le nœud gordien
c’est une chose difficile à résoudre. Voici l’explication qu’en donne la fable. Gordius, père de ce roi Midas qui avait des oreilles d’âne, possédait un chariot dont le joug était attaché au timon par un nœud d’écorce de cornouiller si artistement entrelacé, qu’on ne pouvait en découvrir les bouts, et par conséquent le délier. L’oracle avait promis l’empire de l’Asie à celui qui le délierait. Alexandre, se trouvant en Phrygie, et estimant que l’épreuve valait bien la peine d’être tentée, fut curieux de voir ce chariot. Il s’y prit de toutes les manières pour délier ce nœud si inextricable; mais, ne pouvant en venir à bout, il le coupa avec son épée, en disant : Il n’importe comme on le dénoue. L’oracle, dont toute la science est de s’expliquer en termes ambigus., fut ainsi éludé ou accompli. Alexandre se souvenait sans doute de ce mot de Diogène : Ceux qui ont de l’esprit se peuvent fort bien passer des oracles. Il trancha, comme l’on dit, plutôt qu’il ne décida la question; c’est ce qui arrive souvent aux princes qui ont plus de puissance que de justice, et aux avocats présomptueux qui emploient plus de subtilités que de raisons. Cette expression proverbiale est également prise, suivant quelques auteurs, dans la numismatique ou dans l’archéologie, qui s’est débattue long-temps pour savoir s’il y a eu quatre Gordiens ou s’il n’y a eu que trois empereurs de ce nom; c’est bien le cas de se moquer de la vanité de cette science. Cette question, fort peu intéressante en elle-même, et qui mériterait tout au plus d’occuper les loisirs d’un membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, est un nœud qui n’a rien de gordien que le nom : non dignus vindice nodus.
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