Air : Le cœur à la danse. ou:
Un rigaudon zig zag don don.
La chenille, animal rampant,
Par une loi divine,
Devient l’être vif et pimpant
Qui » sur les fleurs butine ;
Comme elle, pour voltiger,
Bien des gens voudraient changer :
Dans l’humaine famille,
Sous l’habit ou le cotillon,
Jamais une chenille
Ne sera papillon.
Rampait bien bas, ce courtisan,
Qui s’efforce de plaire,
D’un papillon, dans son élan,
Prend l’allure légère,
Mais rien ne le changera,
Et toujours il rampera :
Dans l’humaine famille, etc.
En vain, pour tromper sa laideur,
A force de parure,
La femme d’un riche seigneur
Se peindra la figure :
Les couleurs de son pinceau
Ne pourront changer sa peau.
Dans l’humaine famille, etc.
En semant l’or à pleines mains,
Un bossu, vieux et chauve,
Espère aplanir les chemins
Qui mènent à l’alcove ;
Mais vingt bossus réunis
Ne font pas un Adonis :
Dans l’humaine, etc.
Parlant français d’une façon
Très peu grammaticale,
Qu’une marchande de poisson
Dans un palais s’installe,
La prendra-t-on à la cour
Pour madame Pompadour ?
Dans l’humaine, etc.
Certain poète, en méchants vers
Changeant la vile prose,
Prétend éblouir l’univers
Par sa métamorphose ;
Mais, en sa coque enfermé,
Vivant, il reste inhumé :
Dans l’humaine, etc.
Vieille coquette en ses atours,
N’étant pas des plus belles,
Se croit jeune pour les amours,
Et veut battre des ailes ;
Au lieu d’être une Ninon,
C’est une affreuse guenon :
Dans l’humaine, etc.
Pauvres mortels, qui, parmi nous,
N’êtes que des chenilles,
A votre sort résignez-vous,
Garçons, femmes ou filles!
Vous aurez beau vous parer
Pour mieux vous faire admirer :
Dans l’humaine famille.
Sous l’habit ou le cotillon,
Jamais une chenille
Ne sera papillon.
Chenille et Papillon (chanson), Jules Lagarde – 18?? – 1???