Pendant un temps incommode & fâcheux, le Hérisson ne savoit où se retirer. La Couleuvre en eut compassion, & le fit entrer dans son trou, à condition qu’il en sortiroit si-tôt que l’orage seroit passé. Le Hérisson le lui promit ; mais se trouvant bien à son aise dans le trou de la Couleuvre, il s’y étendit tout de son long, & se mit au large , sans se soucier d’ incommoder son Hôtesse. La Couleuvre murmuroit en elle-même , & se savait mauvais gré d’avoir logé chez elle un animal si incivil, & si incommodé ; car le Hérisson tenant ses pointes droites , la piquoit de tous cotez ; de sorte qu’elle le vit contrainte de lui céder sa loge , & de chercher une autre demeure.
“De la Couleuvre et du Hérisson”