Prieur de Thermes et de la Faye Audin
De la Lionne et de son Lionceau – Une Lionne étant accouchée d’un Lionceau depuis 1 peu de temps, tous les animaux l’allèrent visiter, lui rendans des devoirs qui ne font pas imaginables. Une mule qui ne s’étoit pas beaucoup empressée à rendre ses visites, se présenta quelque temps après 2 à sa Caverne, faisant dire qu’elle venoit saluer la Lionne : mais on lui cria de loin qu’on ne la voioit pas, & qu’elle étoit occupée à montrer au Lionceau à former ses pas, à 3 marcher majestueusement, & porter son corps de bonne grâce. Quelques jours après s’étant avancée, on lui dit encore que la Lionne étoit empêchée : s’informant de quel empêchement ? Un gros Dogue qui gardoit l’entrée dit qu’elle lui enseignoit soigneusement son extraction , & sa haute naissance. Une troisième fois s’étant approchée, on lui répondit qu’elle étoit venue à une heure indue, & que la Lionne aprenoit à son petit les moïens de se faire craindre, d’être aimé de ses sujets, & la façon de les traiter tous avec une égale justice : Voilà bien de la façon, dit la Mule 4, pour voir une bête, c’est faire par trop de l’empressée. La Lionne l’entendant gronder en se retirant, lui cria assez haut pour se faire entendre, qu’on ne sauroit apporter trop de soin, ni donner trop de temps pour l’instruction 5 du Roi des animaux ; mais que ses raisons qui seroient bien recuës d’un autre, étoient inutiles à une mule.
1. Tous sans exception doivent hommage à leur Souverain.
2. Les mauvais sujets ne le rendent quà contre-coeur, et le plus tard qu’ils peuvent.
3. Une démarche grave donne de la grâce à tout le monde, principalement au Souverain.
4. Un Prince, un homme de naissance doit connoitre ce qu’il est.
5. On ne sauroit apporter trop de soin pour l’instruction d’un Prince.
“De la Lionne et de son Lionceau”
- Prieur de Thermes et de la Faye Audin, 16.. ?