Une Mule grasse et rebondie, ne faisait que parler, dans sa jeunesse, de sa Mère la Jument ; mais elle changea de langage, lorsqu’elle se vit, dans sa vieillesse, réduite à porter la farine au moulin. Alors, elle se ressouvint de l’Âne,et confessa de bonne foi qu’il était son Père.
Autre version
Une mule engraissée d’orge se mit à gambader, se disant à elle-même : « J’ai pour père un cheval rapide à la course, et moi je lui ressemble de tout point. » Mais un jour l’occasion vint où la mule se vit forcée de courir. La course terminée, elle se renfrogna et se souvint soudain de son père l’âne.
[quote]Cette fable montre que, même si les circonstances mettent un homme en vue, il ne doit pas oublier son origine ; car cette vie n’est qu’incertitude.[/quote]- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Le Mulet se vantant de sa généalogie
Le mulet d’un prélat se piquait de noblesse,
Et ne parlait incessamment
Que de sa mère la jument,
Dont il contait mainte prouesse :
Elle avait fait ceci, puis avait été là.
Son fils prétendait pour cela
Qu’on le dût mettre dans l’Histoire.
Il eût cru s’abaisser servant un médecin.
Étant devenu vieux, on le mit au moulin :
Son père l’âne alors lui revint en mémoire.
Quand le malheur ne serait bon
Qu’à mettre un sot à la raison,
Toujours serait-ce à juste cause
Qu’on le dit bon à quelque chose.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
La Mule
Une Mule grasse et rebondie
Passait son temps à parler, dans sa jeune vie,
De sa mère une gracieuse Jument,
Omettant son autre parent.
Mais elle changea de langage
Lorsqu’elle se vit, dans son vieil âge,
Réduite à porter la farine au moulin :
Elle descendit de son pied chevalin,
Se ressouvint de l’Ane,
Naguère à ses yeux bête insane,
Et admit de bonne foi qu’il était son Père.
Nul n’a le droit de renier Père et Mère
S’il n’a pas un motif valable,
S’il n’a pour preuve un acte condamnable !
Le contraire est conduite impardonnable !
- David Claude – (fabuliste contemporain) (De La Mule)