“De la Taupe et de sa Fille” – Un Laboureur poursuivait une Taupe, dans le dessein de la tuer : celle-ci qui, faute d’yeux, avait peine à se conduire, fuyait vers son trou du mieux qu’elle pouvait. ” Ma mère, lui cria sa Fille, il est impossible que vous vous sauviez, si quelqu’un ne vous conduit. Suivez-moi donc, et je vous mènerai droit où vous voulez aller.
– Eh, ma Fille, répliqua l’autre, comment pourrai-je te prendre pour guide, quand je sais que tu ne vois pas toi-même plus clair que moi ! “
Autre version
” La Taupe et sa Mère “ – Une taupe — la taupe est un animal aveugle — disait à sa mère qu’elle voyait clair. Sa mère, pour l’éprouver, lui donna un grain d’encens, et lui demanda ce que c’était: « C’est un caillou, dit-elle. — Mon enfant, reprit la mère, non seulement tu es privée de la vue, mais encore tu as perdu l’odorat. »
Pareillement certains fanfarons promettent l’impossible et sont convaincus d’impuissance dans les cas les plus simples.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
La taupe et sa Fille
Une taupe fort étourdie,
Bien que déjà sur Je retour.
Prenait ses ébats, l’autre jour,
Au beau milieu d’une prairie.
Elle avait joué plus d’un tour
A certain laboureur qui jurait, en son ame,
Qu’il ferait, à la bonne dame,
Bientôt boire les eaux du Styx .
Notre nomme (il m’en souvient, on le nommait Félix)
Était au guet; la taupe passe,
Et, s’il n’eût pas
Fait un faux pas,
Elle était prise : au Ciel elle rend grâce,
Puis, sans y voir, court je ne sais trop où,
Trotte, et ne peut, quoi qu’elle fasse,
Trouver son trou.
- Goswin Joseph Augustin, baron de Stassart – 1780 -1854
La taupe et sa Fille
Pour prendre l’air dans la prairie,
De son triste logis la Taupe était sortie.
Lorsqu’il fallut retourner à son trou,
N’y voyant pas, notre étourdie
Et de gauche et de droite allait sans savoir où.
Sa fille devinant sa peine
Voulut la tirer d’embarras ;
Et lui dit : Vous n’y voyez pas,
Maman, souffrez que je vous mène.
Enfant, répond la Taupe, un guide comme toi
Serait pour moi bien doux sans doute;
Mais comment pourrais-tu me conduire, dis-moi?
Lorsque toi-même n’y vois goûte.
- Jean Louis Grenus 1760-1818