L’Âne paissait un jour dans la compagnie d’un Coq. Un Lion vint pour attaquer l’Âne. Le Coq chanta. On dit que le Lion a une horreur naturelle du chant de cet animal. Le Lion se mit à fuir. L’Âne, qui s’imagina follement que le Lion le redoutait, le poursuivit à toute outrance ; mais quand le Lion se vit assez éloigné pour ne plus craindre le chant du Coq, et pour ne le plus entendre il revint sur ses pas, se jeta sur l’Âne et le dévora. ” Malheureux que je suis, s’écria-t-il, en se voyant aux derniers abois, de quoi me suis-je avisé de vouloir faire le vaillant, et pourquoi ai-je voulu m’exposer au combat, puisque je ne suis point né de parents guerriers ? “
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’Ane, le Coq et le Lion
Un âne avait pour ami un coq.
Curieux attelage, mais solidaire.
L’un sentinelle, l’autre prêt à braire.
Survint un lion, un jour dans la région.
Du coq, dit-on, le lion craint la chanson.
La rumeur avait raison, le coq chanta tant
Que le lion battit en retraite.
Affolé par ses cris de reître-
Témoin de cette fuite, l’âne oublia sa peur.
Persuadé d’avoir semé la terreur.
Se lança sus au lion
Qui, vexé de cette humiliation,
Revint sur ses pas, se jeta sur l’insolent
Et le dévora à belles dents.
L’âne, avant de rendre son âme.
Voyant quelle folie l’avait guidé.
Se lamenta sur son hérédité
Qui ne l’avait pas fait guerrier.
S’arroger à tort la victoire
Est source de déboires.
- Guy Le Ray ( fabuliste contemporain)