Un Paysan avait dans sa maison une Idole à qui il rendait chaque jour de grands honneurs, et lui adressait des prières très ferventes. Il faisait des voeux pour prier ce Dieu domestique de lui donner des richesses et toutes les commodités de la vie ; mais le Dieu faisait la sourde oreille, et le Paysan devenait plus pauvre tous les jours . Enfin irrité contre cette idole, il la renversa, lui donna plusieurs coups, et la mit en poudre. L’Idole était creuse, il en sortit une grande quantité de pièces d’or et d’argent. Alors le Paysan s’adressant à la Statue : ” En vérité, lui dit-il, tu es un Dieu bien avare et bien malin ; tu n’as pas fait semblant de m’écouter, et tu ne m’as fait aucun bien tandis que je t’ai rendu tous les honneurs dont j ‘ai pu m’aviser ; et tu m’en fais maintenant que je t’ai mis en pièces, mais c’est par force et malgré toi. “*
Autre version
” L’Homme qui brisa une statue “ – Un homme avait un dieu de bois, et, comme il était pauvre, il le suppliait de lui faire du bien. Comme il en usait ainsi et que sa misère ne faisait qu’augmenter, il se fâcha, et prenant le dieu par la jambe, il le cogna contre la muraille. La tète du dieu s’étant soudain cassée, il en coula de l’or. L’homme le ramassa et s’écria : « Tu as l’esprit à rebours, à ce que je vois, et tu es un ingrat ; car, quand je t’honorais, tu ne m’as point aidé, et maintenant que je viens de te frapper, tu me réponds en me comblant de bienfaits. »
[quote style=”1″]Cette fable montre qu’on ne gagne rien à honorer un méchant homme, et qu’on en tire davantage en le frappant.[/quote]-
Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’Homme et l’Idole
Un homme avait dans sa maison une idole qu’il adorait et à laquelle il sacrifiait chaque jour une victime. Il dépensait pour elle tout ce qu’il possédait. Un jour l’idole se présente à lui, et lui dit : « Ne dépense pas ainsi pour moi toute ta fortune, car ensuite tu m’accuserais près d’un autre dieu de t’avoir ruiné. »
Cette fable signifie
à celui qui, après avoir dissipé follement son patrimoine, reprochée Dieu d’être l’auteur de sa misère.
- Luqman (Locman ou Loqman) XIe siècle av. J.-C.
Le Laboureur qui a perdu son Hoyau
Un Laboureur, en bâchant sa vigne, perdit son boyau. Il demanda à ceux qui étaient là si aucun d’eux ne l’avait pris. Chacun répondit non. Ne sachant quel moyeu employer, le Laboureur conduisit loua ces hommes à la ville pour leur faire prêter serment; car on s’imagine qu’aux champs habitent des Dieux simples d’esprit, tandis que ceux qui résident dans l’enceinte d’une ville sont des Dieux véritables qui voient tout. Ayant franchi la porte
de la ville, tous se lavaient les pieds à une fontaine après avoir déposé leur besace, quand un crieur public annonça mille drachmes de récompense pour celui qui découvrirait l’auteur d’un vol fait au Dieu. En entendant celte annonce, le Laboureur dit : « Ce n’était pas la peine de venir ici. Comment le Dieu peut-il connaître les voleurs d’autrui, s’il ne connaît même pas ceux qui lui ont fait un larcin et s’il cherche à prix d’argent un homme qui les lui indique? »
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Babrius, Babrias (IIe. ou IIIe. siècle)
- traduction par A. L. Boyer (1844)
L’ Homme et l’Idole de bois
Certain païen chez lui gardait un dieu de bois,
De ces dieux qui sont sourds, bien qu’ayant des oreilles.
Le païen cependant s’en promettait merveilles.
Il lui coûtait autant que trois:
Ce n’étaient que voeux et qu’offrandes,
Sacrifices de boeufs couronnés de guirlandes.
Jamais idole, quel qu’il fût,
N’avait eu cuisine si grasse,
Sans que pour tout ce culte à son hôte il échût
Succession, trésor, gain au jeu, nulle grâce.
Bien plus, si pour un sou d’orage en quelque endroit
S’amassait d’une ou d’autre sorte,
L’homme en avait sa part; et sa bourse en souffroit:
La pitance du dieu n’en était pas moins forte.
A la fin, se fâchant de n’en obtenir rien,
Il vous prend un levier, met en pièces l’idole,
Le trouve rempli d’or. «Quand je t’ai fait du bien,
M’as-tu valu, dit-il, seulement une obole?
Va, sors de mon logis, cherche d’autres autels.
Tu ressembles aux naturels
Malheureux, grossiers et stupides;
On n’en peut rien tirer qu’avecque le bâton.
Plus je te remplissais, plus mes mains étaient vides:
J’ai bien fait de changer de ton.»
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)