Maximilien Emmanuel-Charles de Malon
Denis, cruel tyran, régnoit à Syracuse.
Pour le voir au tombeau chacun faisoit des vœux.
Une Femme osoit seule offrir l’encens aux Dieux,
Peur qu’il lui survêquît. Comme il croit qu’on l’abuse,
Que du récit il doute, il l’envoie chercher :
Vous demandez au Ciel de se laisser toucher
En ma faveur, dit-il : Est-ce tendresse, ou ruse ?
Parlez sans nul effroi ; Rien ne peut me fâcher.
« Lorsque Jupin, dans sa colère,
» Nous donna pour Maître autrefois,
Lui répond-elle , un Prince injuste et sanguinaire,
» Pour qu’on s’en délivrât, lors j’élevai la voix.
» Le trône fut bientôt d’un autre le partage :
» Ce second fut encor pire que le premier.
» Je souhaitai sa mort, pour sortir d’esclavage.
» Comme vous surpassez de beaucoup ce dernier,
» Je crains qu’un Successeur n’opprime d’avantage. »
“Denis et la Femme”