Deux Coqs se battirent à outrance, et cela pour l’amour d’une Poule qui les avait rendus rivaux. Le vaincu prit la fuite, et se retira dans un coin de la basse-cour, pendant que le vainqueur montait sur le haut du poulailler, pour y chanter sa victoire. Celui-ci ne s’en réjouit pas longtemps ; car tandis qu’en battant des ailes, il ne pensait qu’à y faire éclater sa joie, le Faucon, qui l’avait aisément découvert sur le haut de ce toit, vint fondre sur lui et le mit en pièces.
Autre version
” Les deux Coqs et l’Aigle “ – Deux coqs se battaient pour des poules; l’un mit l’autre en fuite. Alors le vaincu se retira dans un fourré où il se cacha, et le vainqueur s’élevant en l’air se percha sur un mur élevé et se mit à chanter à plein gosier. Aussitôt un aigle fondant sur lui l’enleva ; et le coq caché dans l’ombre couvrit dès lors les poules tout à son aise.
Cette fable montre que le Seigneur se range contre les orgueilleux et donne la grâce aux humbles.
Ἀλέκτορες δύο καὶ ἀετός
Ἀλεκτόρων δύο μαχομένων περὶ θηλειῶν ὀρνίθων, ὁ εἷς τὸν ἕτερον κατετροπώσατο. Καὶ ὁ μὲν ἡττηθεὶς εἰς τόπον κατάσκιον ἀπιὼν ἐκρύβη· ὁ δὲ νικήσας εἰς ὕψος ἀρθεὶς καὶ ἐφ’ ὑψηλοῦ τοίχου στὰς μεγαλοφώνως ἐβόησε. Καὶ παρευθὺς ἀετὸς καταπτὰς ἥρπασεν αὐτόν. Ὁ δ’ ἐν σκότῳ κεκρυμμένος ἀδεῶς ἔκτοτε ταῖς θηλείαις ἐπέβαινε.
Ὁ μῦθος δηλοῖ ὅτι Κύριος ὑπερηφάνοις ἀντιτάσσεται, ταπεινοῖς δὲ δίδωσι χάριν
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Les deux Coqs
Deux coqs se battaient pour une poule : celui des deux qui fut vaincu s’enfuit et alla se cacher dans quelque retraite. Le vainqueur, au contraire, monta sur un toit élevé, se mit à battre des ailes et à chanter sa victoire avec orgueil. Mais un oiseau de proie le vit, fondit sur lui et l’enleva à l’instant même.
Cette fable signifie
que l’homme ne doit pas s’enorgueillir de ses avantages.
- Luqman (Locman ou Loqman) XIe siècle av. J.-C.
Les Coqs
Il y eut un combat entre deux Coqs de Tanagre, race qui passe pour avoir le courage des hommes. Celui des deux qui eut le dessous, couvert de blessures, alla se cacher dans un coin de la maison pour se dérober à la honte. L’autre, s’envolant aussitôt sur le toit et agitant ses ailes, remplit l’air de ses cris. Or, un Aigle le saisit et remporta. L’autre revint faire le coquet autour des Poules, et eut ainsi un meilleur sort (pie le vainqueur.
Homme, ne t’enorgueillis pas si la Fortune t’élève au-dessus des autres. Souvent un revers fait notre salut.
- Babrius, Babrias (IIe. ou IIIe. siècle)
traduction par A. L. Boyer (1844)
Les deux Coqs
Deux coqs vivaient en paix: une poule survint,
Et voilà la guerre allumée.
Amour, tu perdis Troie;et c’est de toi que vint
Cette querelle envenimée
Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint.
Longtemps entre nos coqs le combat se maintint;)
Le bruit s’en répandit par tout le voisinage:
La gent qui porte crête au spectacle accourut.
Plus d’une Hélène au beau plumage
Fut le prix du vainqueur. Le vaincu disparut:
Il alla se cacher au fond de sa retraite,
Pleura sa gloire et ses amours,
Ses amours qu’un rival, tout fier de sa défaite,
Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours
Cet objet rallumer sa haine et son courage;
Il aiguisait son bec, battait l’air et ses flancs,
Et, s’exerçant contre les vents,
S’armait d’une jalouse rage.
Il n’en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits
S’alla percher, et chanter sa victoire.
Un vautour entendit sa voix;
Adieu les amours et la gloire;
Tout cet orgueil périt sous l’ongle du vautour
Enfin, par un fatal retour
Son rival autour de la poule
S’en revint faire le coquet:
Je laisse à penser quel caquet;
Car il eut des femmes en foule.
La fortune se plaît à faire de ces coups;
Tout vainqueur insolent à sa perte travaille.
Défions-nous du Sort, et prenons garde à nous
Après le gain d’une bataille.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
“Des deux Coqs et du Faucon”