Le Milan se voyant réduit à l’extrémité, et n’espérant plus de guérir par la force des remèdes, conjura sa mère d’aller prier les Dieux de lui rendre la santé. ” Mon fils, lui répondit-elle, ce serait en vain que tu attendrais du secours du côté des Dieux, après avoir profané si souvent leurs Autels, et les Sacrifices qu’on leur offrait. “
Autre version
Un corbeau malade dit à sa mère : « Prie les dieux, mère, et ne pleure pas. » La mère lui répondit : « Lequel des dieux, mon enfant, aura pitié de toi? en est-il un à qui tu n’aies pas dérobé de viande? »
Cette fable montre que ceux qui se sont fait beaucoup d’ennemis dans leur vie ne trouveront pas d’amis, dans le besoin.
- Esope – VIIe-VIe siècle av. J.-C
Le Corbeau malade
Un Corbeau libertin et scandaleux,
Accablé par la maladie,
A sa mère disoit : Priez pour moi les Dieux,
Priez-les, sans tarder, de me sauver la vie ;
Ma mère, n’épargnez ni l’encens ni les vœux.
La mère répondit : Te seront-ils propices,
Ces Dieux dont tu pillas autrefois les autels ?
Des offrandes, des sacrifices,
Tu fis à leurs dépens tes repas criminels !
- Pierre de Frasnay (1676-1753) , Liv. V. Fab. 10.
Le Corbeau malade
Certain corbeau , l’estomac trop chargé ,
Sentoit venir sa dernière heure.
Il dit donc à sa mère , en pécheur affligé ,
Ma mère, devant que je meure ,
Priez les dieux qu’ils me soient indulgens;
Bien coupable je suis , mais ils sont plus démens.
Hélas ! mon fils, que ton erreur est grande
Lui dit- elle ; eh quel dieu puis -je pour toi prier ?
En est-il dans le ciel entier
Un seul dont mille fois tu n’aies mangé l’offrande ?
- Jacques-François Mutel de Boucheville – (1730 – 1814)
Le Milan Malade
Un Milan étant à l’article de la mort,
Ne pouvant plus guérir grâce à un remède,
Conjura sa mère d’exposer son triste sort
Aux Dieux afin qu’ils lui apportent de l’aide.
« Supplies-les, mère, ne ménages pas tes efforts ;
Implores-les pour ma santé, par des mots forts ;
C’est ma dernière chance, mon ultime recours.
– Mon fils, il serait vain d’attendre leur concours,
Fit-elle. Ils ne te porteront pas secours,
Ils n’écouteront aucune de tes demandes
Pour avoir sur leurs Autels volé leurs offrandes. »
Lorsqu’on sait la fin proche
A tout l’on se raccroche.
Ainsi l’être qui jusque-là était sans foi
De Dieu se rapproche ;
Comme allant de soi,
Et bien qu’à toute heure il Lui fit offense,
Contre la mort, il Le prie de prendre sa défense.
- David Claude – (fabuliste contemporain)