L’Ecrevisse fâchée de se voir l’objet des railleries du Renard qui lui reprochoit qu’elle marchoit à reculons, lui dit un jour, toute en colère, Ne m’insulte pas comme tu fais ; je te défie à la course; & quoique tu te vantes de ta vitesse, je te surpasserai en légèreté . Le Renard regardant l’Ecrevisse avec un ris moqueur, accepta le défi. Alors l’écrevisse s’accrocha subtilement à sa queue, sans qu’il s’en apperçût, & s’y tint ferme, pendant que le Renard couroit. Lorsqu’il fut arrivé auprès du but, il se détourna pour voir où étoit l’Ecrevisse; mais elle se détacha finement de la queue du Renard, & elle se trouva par ce moyen plus avancée que lui, & plus prés du but. Alors se moquant de son adversaire, elle eut l’audace de lui dire, qu’elle avoit mieux couru que lui. On te croiroit, lui repartit le Renard, si tu pouvois marcher autrement qu’à reculons.
“Du Renard et de l’Ecrevisse”