“Du vieillard et de la mort” – Un jour un Vieillard, portant du bois qu’il avait coupé, faisait une longue route. Succombant à la fatigue, il déposa quelque part son fardeau, et il appela la Mort. La Mort arriva et lui demanda pourquoi il l’appelait. Alors le Vieillard épouvanté lui dit:” Pour que tu soulèves mon fardeau “.
Cette fable montre que tout Homme aime la vie, même s’il est malheureux et pauvre.
Autre version
” Le Vieillard et la Mort” – Un jour un vieillard ayant coupé du bois, le chargea sur son dos. Il avait un long trajet à faire. Fatigué par la marche, il déposa son fardeau et il appela la Mort. La Mort parut et lui demanda pour quel motif il l’appelait. Le vieillard répondit : « C’est pour que tu me soulèves mon fardeau…»
Cette fable montre que tous les hommes sont attachés à l’existence, même s’ils ont une vie misérable.
Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’Homme et la Mort
Un jour, un homme portait an fagot de bois qui était très-lourd ; fatigué et accablé du poids de son fardeau, il le jeta de dessus ses épaules et appela la mort à son secours. Celle-ci paraît à l’instant devant lui. « Me voici, dit-elle; pourquoi m’as-tu appelée?» L’homme répondit : « Je t’ai appelée afin que tu recharges ce fagot sur mon épaule. »
Cette fable signifie
que tous les hommes aiment la vie, malgré ses infirmités et ses misères.
- Luqman (Locman ou Loqman) XIe siècle av. J.-C.
La Mort et le Bucheron
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur*,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde* ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu’il faut faire
C’est, dit-il, afin de m’aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d’où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)
L’apologue est cité par Euripide dans Alceste (669-678) :
« C’est vainement que les Vieillards souhaitent mourir, qu’ils accusent la vieillesse et la longueur de la vie. Si la Mort approche d’eux, nul ne veut mourir et ne trouve que la vieillesse est un pesant fardeau. » (Euripide Εὐριπίδης – (480 av. J.-C.- 406 av. J.-C.))
Le Bûcheron et la Mort
Le dos chargé de bois, et le corps tout en eau,
Un pauvre bûcheron, dans l’extrême vieillesse ,
Marchait en haletant de peine et de détresse.
Enfin las de souffrir , jetant là son fardeau .
Plutôt que de s’en voir accabler de nouveau,
Il souhaite la mort, et cent fois il l’appelle;
La mort vient à la fin. Que veux-tu? cria-t-elle.
Qui, moi ? dit-il alors , prompt à se corriger.
Que tu m’aides à me charger.
- Nicolas Boileau, dit aussi Boileau-Despréaux – (1636 – 1711)
Le Bûcheron et la Mort
Le malheur vainement à la mort nous dispose ;
On la brave de loin, de près c’est autre chose.
Un pauvre bûcheron , de mal exténué ,
Chargé d’ans et d’ennuis, de forces dénué
Jetant bas son fardeau, maudissait ses souffrances.
Et mettait dans la mort toutee ses espérances.
II l’appelle; elle vient. Que veux-tu? villageois.
Ah ! dit-il viens m’aider à recharger mon bois.
- Jean-Baptiste Rousseau – 1670 – 1741)
La Mort et la jeune Fille
Du monde entier je suis-la reine,
Disait la Mort; sur la terre et les eaux,
Sur l’homme, sur la plante et sur les animaux
Je règne en souveraine.
D’accord avec le Temps,
Je détruis jusqu’aux monuments,
Et pour vassale j’ai la Vie,
Qui me doit, en tribut, livrer tous ses enfants.
J’ai pour agents la Maladie,
Qui prend mille déguisements,
La Guerre, l’Eau, la Peste et la Famine,
Les Médecins avec la Médecine,
Qui s’y prennent parfois si bien,
Qu’à force d’ordonnances,
Ils me font emporter certaines existences
Sur lesquelles, vraiment, je ne prétendais rien.
Personne encor n’a pu me regarder en face,
A part le saint ou le martyr,
Que la foi fascine et cuirasse.
Le plus hardi fait la grimace
Quand je lui dis : « Allons! il faut partir. »
Le héros, à travers le prisme de la gloire,
Me voyant mal, au jour de la victoire.
Se permet de me mépriser;
Mais je le vois bientôt se raviser,
Et, dès le lendemain, oublieux de la veille,
Il n’entend plus de cette oreille.
Tous ceux qu’on voit courbés sous le poids de leurs maux,
Qui se plaignent de leurs fardeaux :
Le bûcheron sous la ramée,
L’antique belle déplumée,
Le malheureux souffrant sans trêve ni repos,
L’aveugle, le goutteux, l’informe cul-de-jatte,
Celui que, dans la vie, aucun espoir ne flatte;
Quand j’accours à leurs cris, pas un ne veut de moi.
Jeunes, beaux, laids et vieilles antiquailles,
J’inspire à tous un invincible effroi.
Je fais trembler, sur la machine ronde,
Ceux devant qui tremble le monde,
Les rois et les sujets, les savants et les sots.
On dit que je n’ai pas d’entrailles;
Je n’en ai pas reçu quand on a fait les lots.
Voilà pourquoi j’aime les funérailles,
Les pleurs et les sanglots.
On parle d’une jouvencelle
Qui gémit dans cette tournelle ;
Je vais, de ce pas, m’amuser
A lui présenter un baiser. »
En ce moment, la jeune fille,
Les yeux au ciel, consolait sa famille,
Et disait : « 0 mon Dieu, que votre volonté
S’accomplisse sur moi Monde par trop vanté,
Fortune, jeunesse, beauté,
Je quitterai tout avec joie,
Pourvu, mon Dieu, que je vous voie
Dans votre éternité ! »
Justement, c’est lui qui m’envoie,
Dit la Mort, en faisant craquer ses ossements,
Avec d’affreux ricanements,
Pour effrayer la jeune fille,
Dont le front serein brille
D’un éclat tout divin,
Et qui, toujours plus belle,
En souriant disait : « Demain
J’irai vers mon Dieu, qui m’appelle;
Pourquoi pleurez-vous mon bonheur ?
Je vais où s’envole mon coeur.
Rien ici-bas n’excite mon envie,
Et ne me fait plaindre mon sort.
Je te rends grâce, ô Mort;
Tu viens me conduire à la vie.
En t’arrachant ton aiguillon,
Mon doux Jésus t’a faite douce et bonne.”
De la gloire dont il rayonne
Il nous donna l’échantillon
Quand, par l’effet de sa puissance,
Transfiguré sur le Thabor,
Il nous a dit : «Voilà votre espérance,
« Ressuscites, vous revivrez encor ! »
En parlant, la jeune mourante
Était toujours plus rayonnante;
Mais la scène avait bien changé :
On se trouvait dans une plaine immense,
Où, dans la plus belle ordonnance,
Le genre humain était rangé.
Les morts avaient secoué leur poussière,
Et tous étaient ressuscites.
Du ciel tombaient sur eux des torrents de lumière,
Dont ils étaient comme inondés.
La Mort, dans sa surprise extrême,
Reconnaissant ceux qu’elle avait frappés,
Et les voyant de la tombe échappés,
Sentit alors une douleur suprême,
Et faillit mourir elle-même.
« Eh quoi! dit-elle, tous ces morts
Que j’immolai dans ma furie,
Plus que jamais sont pleins de vie!
Voilà le prix de mes efforts!
Je vois triompher ma rivale,
Et, malgré ma rage infernale,
Je n’ai pu la priver d’un seul de ses enfants.
Tous étaient morts; les voilà tous vivants !
J’ai voulu m’amuser de cette péronnelle,
Et n’ai pas su la mettre à la raison ;
Elle a ri de ma faux cruelle,
Et m’a fait un sermon !
Je ne veux plus me mettre en quête
De ce qui naît, vit et se meut;
C’est un trop sot métier ; moi, je prends ma retraite ;
Un autre le fera, s’il veut.
A ce labeur sans fruit je ne veux plus descendre. »
Une voix formidable alors se fit entendre :
« Tu le feras, tel est l’arrêt divin,
Jusqu’au jour où, retournant dans l’abime,
Tu verras ceux que ta cruelle main
Aura frappés en vain
Des cieux escalader la cime,
En entonnant l’hymne sans fin. »
Paris, le 25 février 1864.
- Barthélemy de Beauregard – (1803 – 18??)
- “Du vieillard et de la mort”