Guillaume Haudent
Poète, moraliste et fabuliste moyen âge – D’un Coq, d’un Chien et d’un Renard
Un Coq et un Chien s’entremirent
D’aller en un pelerinaige ,
Et foy l’ung à l’autre promirent
Comme on faict par commun usaige.
Or, pendant qu’estoient en voyaige
La nuict les est venu’ surprendre.
Parquoy assez prez d’un villaige
Conuint à tous deux logis prendre.
Sus un arbre adonc s’est iuché
Le Coq pour y passer la nuict,
Et le Chien au pied s’est couché.
Puis quand ce vint sur la minuict ,
Le Coq à chanter fut induict.
Pourtant esveilla un Regnard
Qui accourut sans faire bruit,
Pour ce Coq avoir par son art.
« Ta douce et résonante voix. »
— Le Coq, entendant bien l’affaire,
Répond : « le ne le pourroye faire
Si premier le portier n’csveilles,
Luy disant prez de ses aureilles
Qu’il me vienne la porte ouvrir,
Et que pour vray tu t’appareilles
Aulcun secret me descouvrir. »
Le renard comprend et s’en va.
D’un Coq, d’un Chien et d’un Renard
Mais le coq est haut perché : « Il faut ruser pour avoir cette proie, » dit La Fontaine. Ainsi fait le Renard de Haudent; et comme un de ses confrères, « J’ai grand désir de t’embrasser, » dit-il au coq, « grand désir aussi, » dit-il comme un autre au Corbeau, d’ouir. (« D’un Coq, d’un Chien et d’un Renard »)
Guillaume Haudent, 1548 ?