Un Malade interrogé par son Médecin sur l’état de sa santé, et de quelle manière il avait passé la nuit, lui répondit qu’il avait extrêmement sué. ” C’est un bon signe, lui répliqua le Médecin. ” Il fit le lendemain les mêmes questions que le jour précédent au Malade, qui lui dit que le froid l’avait tellement saisi, qu’il en avait pensé mourir. ” Ce pronostic est encore fort bon, lui repartit le Médecin. ” Enfin le troisième jour le Médecin ayant demandé au Malade comment il se portait, et le Malade lui ayant répondu qu’il devenait hydropique. ” Tant mieux, répliqua ce Charlatan, cette crise est une marque de santé, et vous serez bientôt tiré d’affaire. ” Après que le Médecin se fut retiré, l’un des amis du Malade lui demanda en quel état il se trouvait. ” Hélas ! mon ami, lui répliqua-t-il, on dit que je me porte bien, et cependant je sens bien que je vais mourir. “
Autre version
” Le Médecin et le Malade “ – Un médecin soignait un malade. Celui-ci étant mort, le médecin disait aux gens du cortège : « Cet homme, s’il s’était abstenu de vin et avait pris des lavements, ne serait pas mort. — Hé ! mon bel ami, reprit l’un d’eux, ce n’est pas à présent qu’il fallait dire cela, alors que cela ne sert plus à rien ; c’est quand il pouvait encore en profiter que tu devais lui donner ce conseil. »
Cette fable montre que c’est au moment où ils en ont besoin qu’il faut prêter son aide à ses amis, au lieu de faire l’habile homme, quand leurs affaires sont désespérées.
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Les Médecins
Le médecin Tant-pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade
Soutînt que le gisant irait voir ses aïeux.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure,
Leur malade paya le tribut à Nature,
Après qu’en ses conseils Tant-pis eut été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L’un disait : «Il est mort ; je l’avais bien prévu.
– S’il m’eût cru, disait l’autre, il serait plein de vie.»
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)