Imbert et Testa
Impulsus ventis et pressa nube coactus
Ruperat hibernis se gravis imber aquis.
Cumque per effusas stagnaret turbine terras,
Expositum campis fictile pressit opus;
Mobile namque lutum tepidus prius instruit aer.
Discat ut admoto rectius igne coqui.
Tunc nimbus fragilis perquirat [sic] nomina testae.
Immemor illa sui: Amphora dicor, ait,
Nunc me docta manus, rapiente volumina gyro
Molliter obliquum iussit habere latus.
Hactenus hac, inquit, liceat constare figura;
Nam te subiectam diluet imber, ait.
Et simul accepto violentius amne fatiscens
Pronior in tenues victa cucurrit aquas.
Infelix, quae magna sibi cognomina sumens
Ausa faretratis nubibus ista loqui
Haec poterunt miseros post hac exempla monere.
Subdita nobilibus ut sua fata gemant.
La Pluie et le vase de terre
Chassée par les vents et condensée en un nuage épais, une lourde pluie s’était abattue en ondées d’orage. Comme sur les terres creusées elle se répandait en tourbillonnant, elle enveloppa un vase de terre qu’on avait exposé dans un champ. Car l’argile souple est d’abord durcie à l’air tiède pour être prête à se cuire mieux, quand on la met au feu. Le nuage demande alors au vase fragile quel est son nom. Celui-ci, oubliant sa faiblesse, répond : « On me nomme Amphore. Une main habile, pendant que la roue accélérait son mouvement circulaire, a voulu donner à mes flancs cette courbe gracieuse. »
— « Il ne te sera pas permis, répond la pluie, de garder cette forme plus longtemps. Car, en tombant sur tes flancs, l’orage va te dissoudre dans mon eau.” Au même instant, sous l’arrivée plus violente du courant, l’amphore se fend, s’incline, se laisse entraîner et s’en va emportée par l’élément liquide : malheureuse amphore, qui, en se donnant un nom superbe, osa tenir pareil langage à la pluie qui est armée de traits. Cet exemple pourra apprendre aux malheureux que, étant soumis aux grands, ils n’ont qu’à déplorer tout bas leur triste sort.